Nous continuerons de valoriser la recherche historique sur nos origines et aussi sur la formation de l’identité réunionnaise.

Publié le par Huguette Bello

A l’occasion de la commémoration de la mort de Rangapamodély Souprayenmestry dit« l’Indien », j'ai tenu à ce que notre municipalité participe  à la présentation faite par M. Fréderic Souprayenmestry de son travail sur la descendance de son bisaïeul, Souprayenmestry Rangapamodely arrivé à la Réunion en 1873 en tant qu’engagé.

 

Ce travail de recherche a duré cinq ans. 300 personnes y sont répertoriées avec pas moins de 350 noms différents.

 

Cet effort de recherche, qui mérite toutes nos félicitations, nous concerne tous.

Il nous permet de découvrir à travers un exemple, de quelle façon un engagé, du Kérala, arrivé sur notre île au XIXème siècle, avant l’abolition de l’esclavage, a pu être à l’origine d’une lignée de descendants qui se sont mêlés à d’autres Réunionnais de toutes origines et de toutes confessions religieuses.

 

Nous héritons, nous Réunionnais, d’une histoire que nous connaissons peu et dont la narration a souvent mis de côté le rôle des esclaves et des engagés qui ont constitué à certains moments de notre histoire la majorité de la population.

 

Leurs apports à la formation de notre société méritent d’être mis en lumière et cette recherche qui fait l’objet d’une publication, y contribue.

Elle a le mérite de nous apporter un regard à la fois historique, sociologique, culturel sur le peuplement de la Réunion à travers le cas de l’engagé Rangapamodély Souprayenmestry qui, de plus, amène avec lui une pratique religieuse hindoue, celle du culte de Vishnou à travers Bouddha, considéré comme l’un de ses avatars dans l’Hindouisme.

 

  Ce que nous remarquons dans cette lignée mise au grand jour, c’est aussi que l’identité réunionnaise s’est bien formée à contre courant du communautarisme, de l’enfermement dans une culture ou une civilisation originelle.

 

 

Les Indiens sont présents dès l’origine du peuplement.

 

Avant l’arrivée du système esclavagiste à la Réunion, en 1678 déjà, 14 indiennes de Goa ont débarqué sur l’île pour devenir avec 12 femmes malgaches et 5 françaises les premières mères des Réunionnais. Les gouverneurs Dumas et Labourdonnais recrutent ensuite pendant la première moitié du XVIII ème siècle plus de 160 artisans de la côte de Coromandel, ils sont maçons, forgerons, tailleurs de pierre, serruriers, rotineurs, indigotiers, jardiniers et forment le premier contingent d’engagés de la Compagnie des Indes Orientales.[1] Certains servent même dans les troupes de garnisons de l’île de France et de Bourbon.

Ensuite, la traite est condamnée à Bourbon en 1817 et le manque de main d’œuvre  (refus de faire travailler des anciens esclaves sous un autre statut par les proriétaires terriens et/ou refus des esclaves de travailler pour leurs anciens maîtres) conduit le Conseil privé de Bourbon à décider l’introduction de travailleurs indiens. Parallellement aux ouvriers spécialisés, on souhaite surtout faire venir des cultivateurs.

 

Permettez-moi de rappeler que les conditions de travail sont si inhumaines que la couronne britannique intervient pour faire cesser l’émigration et les Anglais qualifieront alors le système engagiste de « nouveau système esclavagiste ».

En tout, plus de 120 000 travailleurs indiens ont été introduits pour satisfaire les besoins d’une économie insulaire.

 

L’engagisme a été à l’origine du doublement de la population en moins de 35 ans de 1849 à 1859.

 

Je voudrais souligner que cet apport des Malbars, a été occulté dans le contexte colonial où le racisme est allé de pair avec un système économique fondé sur l’enrichissement des uns par l’exploitation des autres.


Ce travail de généalogie, unique en son genre, constitue un exemple de recherche de la mémoire qui pourrait s’appliquer à d’autres familles réunionnaises, issues d’autres origines, d’autres pays.
 


Cet événement a été une occasion pour l’équipe municipale « Pour Saint-Paul de toutes nos forces » de marquer son intérêt pour la recherche historique sur nos origines et aussi sur la formation de l’identité réunionnaise.

 

C’est pour cette raison que nous avons tenu, alors que nous étions en charge des affaires culturelles de la Mairie, à être partenaires de l’évènement qui s’est tenu à Vue Belle.

 

J' espère que ce travail exemplaire qui contribue à l’histoire du peuplement de Saint-Paul et plus largement de La Réunion, en inspirera d’autres.
Notre équipe continuera de faire de la Mairie de Saint-Paul le partenaire de ce type d'actions culturelles exemplaires.

 

 

 

 

 

Publié dans Culture

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